Adénomyose par le Professeur FERNANDEZ

L’adénomyose, cette maladie gynécologique méconnue. Juline, référente de l’association dans le département de l’Essonne a interrogé le Professeur Hervé FERNANDEZ, grand spécialiste Français, de l’adénomyose (entre autre).

Un certain nombre d’articles et d’informations sortent régulièrement concernant l’endométriose, bien que ceux-ci restent encore trop minoritaires. Cependant qu’en est-il de l’adénomyose ? Souvent perdue face à ce diagnostic les patientes ne savent pas comment s’y prendre et qui consulter. Nous sommes allés interroger le professeur Fernandez, un des rares médecins en France qui opère de cette pathologie, afin qu’il nous éclaire un peu plus.

Pourriez-vous nous expliquer ce qu’est l’adenomyose ?

C’est la présence dans la paroi de l’utérus de tissu endométrial. On peut distinguer deux formes d’adénomyose : celle chez la femme de moins de 35 ans qui va présenter des localisations plus focales et qui est généralement associée à une infertilité et celle chez la femme de plus de 40 ans dont la forme va être diffuse. On retrouve aussi de l’adénomyose chez des femmes ayant subis plusieurs interventions chirurgicales tel que des curetages, des myomectomies, des cures de synéchies et des césariennes. Nous avons fait des effractions du myomètre ce qui ouvre la porte à une colonisation.

Pouvons nous dire qu’il y a un lien entre l’adénomyose et l’endométriose ?

Ce sont deux pathologies complètement différentes. Dans la genèse, la question est encore en suspens, nous ne savons pas si c’est une infiltration de la paroi utérine qui vient de l’intérieur ou de l’extérieur. Dans le cas d’une endométriose présente en dehors de la cavité utérine, on peut supposer que l’apparition d’adénomyose provient de l’extérieur, mais ce n’est pas une certitude absolue. Nous avons encore de nombreuses questions sans réponses.

L’adénomyose est-elle héréditaire ?

Non, nous ne pouvons pas parler d’hérédité.

Observons-nous des symptômes spécifiques ?

Nous retrouvons des saignements chez une patiente sur 2 et des douleurs chez une patiente sur 4. Le signe prédominant reste donc tout de même les saignements.

Qui est touché ? Auriez-vous quelques chiffres à nous transmettre ?

Si nous faisons passer des examens à des femmes que nous prenons au hasard dans la rue, 80% d’entre elles présenteront des images d’adénomyose. Cependant nous traitons des symptômes et non une image. Dans un grand nombre de cas il s’agit d’une observation et non d’une pathologie. Lorsqu’à la suite d’un examen échographique le plus souvent, le diagnostic d’adénomyose va être posé, cela ne veut pas dire que la raison pour laquelle l’examen a été prescrit est en lien avec cette observation. Il faut être vigilant au poids des mots, souvent cela inquiète les femmes alors que ce n’est pas forcément problématique.

L’adénomyose a-t-elle un impact sur l’infertilité ?

Elle a en effet probablement un impact. Il n’est d’ailleurs pas exclu que pour une grande partie des femmes ayant de l’endométriose, l’infertilité ne vienne pas directement de la mais plutôt de l’adénomyose associée. Mais attention, c’est seulement une hypothèse et rien n’est prouvé à ce sujet.

Aujourd’hui nous ne savons pas si l’adénomyose est en lien avec l’infertilité lorsque le diagnostic est posé. Nous travaillons actuellement sur la possibilité que cela perturbe les facteurs de nidation.

Connaissez-vous un lien entre l’adénomyose et les endomètres fin ou épais ?

Non. L’adénomyose a des conséquences sur l’endomètre mais nous ne savons pas lesquelles.

Quand et comment traiter ? Toutes les formes se traitent-elles ?

Le seul moyen pour éradiquer complétement l’adénomyose est l’hystérectomie.

La plupart des traitements sont médicaux : purement antalgique pour celles qui sont algiques et lorsque c’est très douloureux et sans désir de grossesse le meilleur traitement reste le système intra utérin appelé Mirena®. Pour celles qui ont un désir de grossesse nous proposons un traitement ponctuel pour les douleurs et pour les saignements. S’il y a une indication de PMA on peut proposer un traitement qui allie des agonistes, des œstrogènes et des progestatifs. Les agonistes au long cours, pris seuls lorsqu’il y a un désir de grossesse ne doivent plus être prescrits, d’autant qu’ils génèrent de nombreux effets secondaires.  Malheureusement cela se fait malheureusement encore régulièrement et nous avons du mal à diffuser l’information.

Vous êtes un des rares médecins à opérer de l’adénomyose, savez-vous pourquoi cette méthode est si peu connue et répandue ?

On a longtemps considéré qu’il était normal que les femmes aient mal et nous n’avons donc pas cherché pendant des années à les prendre en charge médicalement ou chirurgicalement.  Je reçois des femmes venant de la France entière pour un avis chirurgical car elles ne trouvent personne proche de leur domicile car les indications de traitement conservateur s’était raréfiées avec les traitements en PMA. Je forme régulièrement des médecins sur ce type d’intervention pour qu’en cas d’échec de PMA entre autre, cette chirurgie conservatrice puisse être proposée et réalisée mais il faut du temps.

Quelles sont les formes d’interventions ? Comment cela se déroule ?

L’intervention va varier selon le profil de la patiente. Pour une femme qui souhaite garder ses possibilités de grossesse on va d’abord opérer les kystes d’adénomyose. Soit, ils sont très proches de la cavité utérine et nous allons passer par une hystéroscopie, soit ils sont à la périphérie de l’utérus et nous allons opérer en coelioscopie. Dans le cas où l’adénomyose s’est infiltrée dans tout le muscle utérin et que l’ablation est difficile, nous allons proposer une laparotomie pour recréer la cavité. Ces indications opératoires ne deviennent indiquées que lorsqu’il y a eu des traitements médicaux ou une PMA qui se sont soldés par des échecs.  

Pour les femmes qui ne souhaitent pas garder de possibilités de grossesses, on va malgré tout tenter d’être le plus conservateurs possibles. Nous allons utiliser une technique qui consiste à entrer dans la cavité utérine et à détruire la muqueuse sur une profondeur de 12 millimètres. Cela évite à 80% les hystérectomie et est aussi efficace à 60% sur les douleurs.

Nous pouvons aussi proposer une résection d’endomètre, et en cas d’échec une hystérectomie lorsque les traitements précédents n’auront pas été efficace. L’adénomyose est la première cause d’ablation de l’utérus en France.

Quelles sont les évolutions lors de la ménopause ?

Ça s’arrête, mais on devrait traiter beaucoup plus de patientes pour la ménopause. En effet ces traitements de ménopause protègent les femmes des maladies cardio-vasculaires et de l’ostéoporose indépendamment du confort de vie.

Merci au Professeur FERNANDEZ d’avoir répondu à nos questions.

Commentaires à propos de cet article (2) :

  1. Merci pour ces apports sur l’adenomyose dont on parle assez peu en effet.
    Il est dommage que le lien entre adenomyose et grossesse n’est pas été posé : accroche de l’embryon, risque de fausse couche plus élevé, grossesse à risque…

    1. Bonjour Cahill. En fait, la question se pose mais les recherches n’ont pas été assez poussées à ce sujet pour savoir si cela a un impact ou non.
      On suppose tout de même que lorsque des cryptes d’adenomyose sont présentes au niveau de l’endomètre, cela peut avoir un impact négatif sur la nidation.
      Je pense qu il va falloir encore attendre quelques années pour pouvoir obtenir des éléments nouveaux.
      Bonnes fêtes à vous
      Juline

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *