Naprotechnologie

J’ai longtemps hésité avant de rédiger et d’envoyer ce témoignages. Je me balade sur le BAMP avec la désagréable impression de ne pas y avoir ma place (n’y voyez pas une critique, juste un sentiment perso, un sentiment d’ex-miniPMette) Je vous l’envoie ce témoignage après tout, vous le publierez ou pas. Je crois que mon objectif n’est pas d’être lue mais peut être juste entendue par d’autres parents en souffrance. Comme moi. Et puis écrire ça soulage, ça fait du bien, ça fait pleurer … bref c’est bon pour le moral quand même.
Je suis une maman mais je ne suis pas une maman.
Je suis une PMette mais je ne suis pas une PMette.
Je suis en mal d’enfant et il n’y a pas de « mais »
Je suis dans un espace vide entre ces deux situations un vide intersidéral.
Des cycles irrégulier, une forte prise de poids et un syndromes des ovaires polykistiques diagnostiqué à 18 ans, une pilule arrêtée à 28 ans, un bébé qui ne vient pas, vous connaissez le début de l’histoire.
Et pourtant je ne suis pas une PMette parce qu’il ne m’a fallut que deux tout petit mois d’une simple stimulation ovarienne pour réussir à être enceinte. Deux mois seulement, c’est tellement court que j’ai honte de le dire. Pourtant ça n’a pas été simple. Deux mois difficile et douloureux, j’ai fait tous les effets indésirables et plus encore. Alors deux court mois en effet, mais bon sang que ce fut long à supporter. Et puis je suis tombée enceinte. Les 3 premiers mois se passent entre nausées et sentiment que quelque chose va mal. Je le sais, je le sens il y a quelque chose qui cloche. C’est plus fort que moi. Et la première écho me donnera raison. Trisomie 18. Une putain de saloperie de trisomie 18. Ma fille va mourir suite à l’IMG, suite à sa naissance ou dans mon ventre mais d’une manière ou d’une autre elle mourra sans avoir de longue vie belle et heureuse. Alors nous décidons de continuer cette grossesse.Je vous épargne les difficultés de la grossesse et le personnel soignant qui fut en dessous de tout. Ma fille est née sans vie à 36 SA. J’étais allée au bout, j’ai accouché. Mais je ne suis pas une maman. Pas de bébé, rien, nada.
Pourtant il y a de l’espoir, mes cycles sont enfin réguliers depuis mon accouchement. J’ai beaucoup maigri, le moral est bon malgré tout.
Mais le temps passe, l’espoir s’amenuise et après 2 ans rebelote. Retour à la case PMA. Entre temps nous avons déménagé, j’ai donc changé de gynéco. Personne n’est capable d’expliquer pourquoi il n’y a pas de nouvelle grossesse (a part les connasses qui tombent enceinte en regardant leur mari et qui te disent que tu y penses trop…) Nouveau protocole de stimulation. Tient ? De l’urticaire, je l’avais pas fait celui là d’effet indésirable, tient hyperstimulation, celui là non plus je connaissais pas. Deux protocoles débutés, deux tentatives avortées avec un seul conseil de la gynéco: Protégez vous, ne prenez pas le risque d’une grossesse multiple.
Quel est le comble pour une femme infertile ? Qu’elle n’ait pas le droit de faire l’amour pendant un protocole de stimulation. Sans déconner. Une gynéco en dessous de tout. J’ai tout largué, tout arrêté (sauf le mari) et nous avons entamé une procédure d’adoption et obtenu notre agrément. J’ai bêtement cru que ces démarches allaient peut être débloquer quelque chose, j’avais rencontré d’autres connasses qui connaissaient quelqu’un qui connaissaient quelqu’un qui … (vous connaissez la suite)
Mais non, ce satané berceau que nous n’avons toujours pas acheté reste terriblement vide et mes bras également.
Aujourd’hui nous testons la naprotechnologie. Méthode américaine assez peu connue en france. Bon a voir si ça marche ou pas, je reviendrais vous dire ça. La différence avec la médecine: monsieur est impliqué, et vient à tous les rendez vous avec la monitrice. Ce qui m’a attiré vers eux ? Ils cherchent et soignent la cause  lieu de provoquer une ovulation. Mais il ne faut pas être pressé.
En gros: on décortique ton cycle, et à travers ça et des examens bien sur, ils essaient de savoir pourquoi ça ne va pas. J’étais hyper optimiste en allant à notre premier rendez-vous, j’ai un peu déchanté devant le temps que ça prend, les bilans sanguins à faire, les cachetons à avaler. Mais je n’ai aucun effet indésirable pour le moment, la présence de monsieur est apaisante, notre monitrice est très gentille, patiente (et pas loin de chez nous) mais surtout j’ai l’impression de participer activement à la conception de ce bébé contrairement à la médecine qui me donnait l’impression de n’être qu’un utérus
Et voilà j’en suis là, notre rdv avec le médecin spécialisé en napro aura lieu courant juillet, je sais que je ne retournerais jamais en PMA. Ce chemin là n’est pas moi.
Mais je vais bien, notre projet d’adoption suit son cours, et si j’ai parfois du mal a gérer cette absence de berceau, que je ne peux m’empêcher de m’interroger sur mes copines jeunes mariées qui optent pour un jus de fruit au lieu de l’habituel verre de rouge, je vais bien.
Joe

Commentaires à propos de cet article (10) :

  1. Joe, la seule personne de mon entourage (de mon vrai entourage, dans ma vie, et pas à travers le net) à qui je puisse parler ouvertement de mon infertilité, la seule qui sache quoi me dire et la seule qui me comprenne, c’est ma copine J.
    Ma copine J a été diagnostiquée OPK depuis longtemps et quand elle a voulu avoir un bébé elle a immédiatement été prise en charge, en stims simples (clomid). Premier mois de traitement : grossesse, fausse-couche. Deux mois plus tard, deuxième cycle de traitement : grossesse, fausse-couche. Deux mois plus tard, troisième cycle de traitement : grossesse, bébé.
    Elle me parle donc toujours avec beaucoup de prudence, elle a toujours peur d’être maladroite, elle qui a un problème clairement identifié mais qui a eu son bébé relativement vite, alors que moi qui n’ait soit disant rien qui cloche, j’attends depuis plus de deux ans.
    Mais pour moi, ça ne fait pas de différence. Elle a été en mal d’enfant, elle a perdu des bébés, quelle que soit la durée de sa souffrance ça l’a marquée à tout jamais et quand elle tient son bébé dans ses bras aujourd’hui, elle ressent ce que nous ressentirons quand nous aurons les notre et elle sait à quelle point c’est précieux.
    Alors bien sur que tu as ta place ici, chaque parcours est différent mais ce qui nous rassemble, c’est cette attente, ces souffrances, et cette pleine conscience de ce que représentera notre enfant quand il sera là, qu’il soit fabriqué dans une éprouvette, qu’il ait des gamètes mélangées, qu’il soit issu d’un miracle naturel ou qu’il vienne d’un autre pays.
    Pour ta fille, j’admire votre courage. Ce que cette décision a pu signifier pour vous, et ce que vous avez fait pour elle, j’imagine que les « connasses » ont eu du mal à comprendre mais je trouve ça très beau.
    Et pour la naprotechnologie, je situe mal le concept pour le moment mais ça m’intrigue et je me renseignerai car ça semble prometteur.
    Merci.

  2. Pourquoi n’aurais-tu pas ta place??? Tu l’as entièrement ta place parmi nous….
    Merci beaucoup pour ton témoignage… Ton parcours est difficile, plein de courage… Je ne connaissais pas la naprotechnologie. J’espère que les prochaines semaines vont bien se dérouler, et que tu reviendras partager avec nous…

  3. Comme ton témoignage est touchant. Je suis atterré de voir les réaction de ton entourage et tu as eu beaucoup de courage de supporter la perte de ta fille, ça ne doit pas être tous les jours faciles. Je ne connais pas la méthode dont tu nous parle mais je vais me renseigner sur le sujet pour comprendre un peu ton parcours . En tout cas bienvenue chez Bamp! Tu as tout a fait ta place ici.

  4. Bonjour,
    Après avoir lu votre message, je me permets de venir vous encourager dans vos démarches avec la Naprotechnologie. Mon mari et moi nous sommes lancés, avec l’aide d’une monitrice, et bien que ce soit long, je crois qu’il faut vraiment s’accrocher. On en apprend un peu plus sur soi tous les mois ! Et comme de toute façon il faut être patient, nous n’avons plus l' »obligation de résultat » tous les mois, nous sommes beaucoup plus détendus !
    Je crois que cette méthode mérite d’être connue et suivie, et vous souhaite bon courage et persévérance !

  5. Wahou !! Quelle surprise de tomber sur mon article publié à l’insu de mon plein gré 😉 Je suis heureuse de voir les réactions positives. A l’époque je n’avais pas tout dit de la napro. C’est une méthode catholique. L’idée de base est d’observer le cycle pendant qq mois, aider le couple à repérer l’ovulation et ensuite mettre en place le ttt adapté. Je dois admettre que je me suis pris une ou 2 claques avec la napro. Je m’explique, qd on a commencé, comme mes cycles étaient réguliers j’étais persuadée qu’avec des vitamines j’allais vite tomber enceinte. Héhéhé, drôle d’idée. Première déception lors de notre visite chez le médecin napro: elle me demande de faire un drilling. Ok fichue en l’air mon idée de grossesse obtenue « naturellement » et puis 6 mois après toujours rien. 2nde claque la doc me remet sous mon vieil ami le Clomid !! Oh yeah… Mais à ma grande surprise et contrairement à ce que m’avais dit ma gynéco classique, elle ne me prescrit qu’1/2 comprimés pendant 4 jours, et aucune effet indésirable !!! Suivit d’injections de gonadotrophine à 4 et 7 jours après l’ovulation (3° claque je déteste les piqûres) . Et au bout de 2 cycle ça marche !!!!! Bon sang je suis enceinte !!! Mon bonheur n’aura été que de courte durée car j’ai fait une fausse couche à 7 semaines. Je vous dit pas la descente en enfer dans les mois qui ont suivit, 4 ans pour être à nouveau enceinte et tout ça pour faire une fausse couche. En parallèle notre dossier d’adoption avait bien avancé puisque je suis tombée enceinte alors que notre dossier était en cours de traduction pour la Lettonie puisque notre dossier avait été retenu.
    Et voilà, ça c’était cet été, et aujourd’hui je ne suis toujours pas enceinte et nous avons suspendu nos démarches d’adoptions.
    Le moral va cahin-caha. Mais ça a fonctionné !! Et avec tout le respect de mon corps que je demandais (a peu de choses près) et avec une grande écoute et un respect de notre vie de couple que je n’avais pas rencontré avec la pma classique. Donc nous continuons, Haut les coeurs !!
    Merci Irouwen d’avoir publié mon article.

    1. Dans mes souvenirs, je pensais que vous aviez été informé de cette publication, via l’échange de mails que nous avions eu à l’époque (mai 2013).
      Mais cela fait loin, donc mes souvenirs sont peut-être erronés.

      1. Aucun pb, vraiment Si ça peut aider un couple!!
        Ce qui est drôle c’est que je suis tombée dessus totalement par hasard.
        Merci irouwen ça m’aide a prendre conscience je suis une pmette !!

  6. Bonjour, je suis tombée sur cet article en faisant des recherches sur la naprotechnologie. Nous avons bientôt notre 1er rendez-vous avec mon mari. Joe, votre témoignage est émouvant et malgré que nous ayons toutes un parcours différent, j’ai reconnu des sentiments par lesquels je suis aussi passé, à mon niveau. Quel a été la suite de votre parcours?

  7. Bonjour, j’arrive ici par hasard (je voulais voir si la napro-technologie était aujourd’hui un peu plus démocratisée que lors de notre parcours (à peu près en même temps que le votre Joe!)… Pour moi aussi ce témoignage fait remonter tout un tas de sentiments, et ce à différents titres.
    En effet, nous sommes également passés par les gynécologues « classiques », puis une gynécologue plus spécialisée travaillant de pair avec un andrologue, tous deux respectueux de nos convictions catholiques (pas d’inséminations ni de fiv), mais limités par la médecine classique.
    Par deux fois nous décidons d’arrêter tous traitements et examens pénibles pour moi (effets indésirables et prise de poids).
    Après la seconde fois, on nous parle de la napro-technoligie… séduits par le concept, on décide de tenter une dernière fois… Au bout d’un an d’entrevues, de suivi (au top le suivi!), de traitements, les examens donnent toujours les mêmes résultats: pas de soucis rédhibitoires ni pour l’un ni pour l’autre, mais un test de Hunner toujours négatif sans raison apparente. Le médecin nous dit elle même qu’elle ne peut aller plus loin.
    A la suite de ça… je tombe enceinte!!! Naturellement, sans aucun traitement! Mais l’euphorie sera de courte durée: je fais une fausse-couche au bout de quelques semaines. Je confirme la descente aux enfers ensuite, j’ai eu l’impression de revivre en accéléré toute la douleur des dernières années d’espoirs déçus.
    Puis, nous nous lançons dans les procédures d’adoption, obtenons l’agrément en septembre 2015, nous nous portons candidats pour l’adoptions d’enfants début 2016, sans succès; commençons à préparer un dossier pour la Pologne…
    Et fin mais 2016… je suis enceinte à nouveau… nous nous interdisons de nous réjouir, encore sous le coup de ma précédente fausse-couche trois ans plus tôt. Je vie toute ma grossesse dans l’angoisse, mais ça tient et tout va bien!
    Le 18 janvier 2017, un mois avant notre dixième anniversaire de mariage, notre petite puce née, un peu en avance mais en pleine forme! Merveilleux moment, nous en pleurons encore!!
    Et pour comble, toujours sans traitements et en allaitant, je tombe à nouveau enceinte quelques mois plus tard!
    Nous avons aujourd’hui une petite fille de 19 mois et un petit garçon de 15 jours! Nous qui nous préparions à finir notre vie à deux!
    Et quand je dis que le témoignage de Joe nous touche à différents titres, c’est aussi parce qu’une de mes soeurs a connu l’année passée le drame de perdre à la naissance une petite fille atteinte également de trisomie 18. Je connais malheureusement la douleur que peut engendrer cette perte pour toute une famille et le sentiment de vide et de frustration relaté par ma soeur qui est rentré à la maison sans bébé et avec des funérailles à organiser.
    Pardonnez mon commentaire si long, mais au vue du témoignage de Joe, j’ai eu besoin de partager aussi mon histoire. Et si elle passe encore par ici parfois, je lui souhaite de tout coeur de vivre le bonheur d’être maman ou, à défaut, d’arriver à vivre le plus sereinement possible cette situation qui n’est pas si isolée finalement et bien malheureusement!
    Bon courage à tous les couples connaissant cette épreuve!

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