40 ans du premier bébé FIV français et maintenant ?….

C’est vraiment l’occasion de bien signifier que finalement après 40 ans, les résultats de la FIV n’ont pas fait de progrès et que les personnes prises en charge aujourd’hui sont confrontés à des souffrances et des taux d’échecs inacceptables.

Alors certes, en 1982, le 24 février, naissait en France le premier bébé FIV, Amandine. Un événement à l’époque, depuis plus de 400 000 bébés sont en France grâce à l’AMP. Puis des progrès sont apparus au niveau des outils (réécouter d’ailleurs à ce sujet le podcast BAMP avec le professeur FRYDMAN), échographie, cathéter, milieu de culture. Les progrès des traitements de stimulation hormonal, les progrès des microscopes, des embryoscopes. L’ICSI en 1992 pour apporter une réponse à l’infertilité masculine, puis les progrès de la conservation des gamètes en 1984 avec la naissance d’un premier enfant en Australie suite à la décongélation de l’embryon. En 1994 le DPI est autorisé en France pour les couples qui sont porteur d’une maladie génétique grave et incurable, permettant de voir aboutir des projets de grossesse. En 1999 les Australiens mettent en route le procédé de vitrification des gamètes et des embryons, technique qui ne sera autorisée en France qu’en 2011 (suite à une 3ème loi de bioéthique, dont la première avait été instituée en 1994). En 2014, une femme donne naissance à un enfant suite à une greffe d’utérus. La première naissance en France avec ce procédé a eu lieu en 2021. Pour ne citer que les principaux progrès.

MAIS au final, ce qui ne progresse pas ce sont les taux de réussite des FIV, qui nous vous le rappelons tournent autour de 20%, quatre FIV sur cinq se soldent par un échec et cela 40 ans après la naissance du premier bébé FIV ce n’est pas acceptable !

Et pourtant l’infertilité gagne du terrain, 3,3 millions de personnes en France, plus de 25 millions au niveau Européen. Les couples, les personnes confrontées aux échecs des FIV et des inséminations souffrent physiquement, psychiquement, socialement, professionnellement. Ils ont l’impression d’une impuissance tant individuelle que médicale. Alors que faire ?

Il est plus que temps, que cela change, que les 76% d’échecs des FIV ne soient plus qu’un lointain souvenir. Lors de la révision de la loi de bioéthique nous avions l’envie et l’espoir d’obtenir le DPI-A, mais les parlementaires nous l’ont refusé. Les études montrent pourtant que pour certaines femmes (en échec de FIV, de plus de 35 ans, ou avec des fausses couches) cette analyse du potentiel implantatoire des embryons permet d’améliorer les taux de réussite des FIV, en augmentant les taux d’implantation, en augmentant les taux de grossesse et au diminuant le temps pour obtenir une grossesse, en limitant les pertes fœtales, il permet aussi de limiter les impacts physiques et psychologiques négatifs des échecs à répétition. Il permet aussi de faire des économies, car au lieu d’accumuler les FIV et les échecs, en obtenant plus vite une réussite, et bien on dépense moins d’argent. MAIS NON, refusé.

Dans notre manifeste dans la partie « Améliorer les résultats de l’AMP » et ce depuis 2013, nous demandons que des outils comme Matricelab, win-test, endocel, et tous les procédés innovants puissent être accessibles aux patients qui en ont besoin, qu’ils soient inscrit dans la liste des actes de biologies et qu’ils soient remboursés. Nous sommes ravies de voir que dans le Plan de lutte contre l’infertilité, ces propositions sont reprises dans l’axe4 « mieux identifier les causes de l’infertilité », « développer les technologies innovantes pour mieux diagnostiquer et prendre en charge l’infertilité inexpliquée« .

Il est urgent de faire entrer les prises en charge des patients infertiles dans une nouvelle ère de recherche et de compréhension des causes de l’infertilité inexpliquée, ou pour les échecs à répétition. Et de proposer aux patients une approche thérapeutique plus personnalisée via l’utilisation :

  • De la génétique, qui peut permettre d’expliquer certaines infertilités, de proposer des diagnostics et des thérapeutiques plus adaptés au profil génétique et médical des patients. La génétique peut permettre d’affiner des situations où la femme n’a pas d’ovocyte à la stimulation, mais peut avoir des follicules primordiaux dans ses ovaires qui pourraient être maturés in vitro. Les études montrent que pour 20% des femmes déclarée en IOP, cette technique leur permet d’obtenir une grossesse avec leur propres gamètes.
  • De l’immunologie, pour mieux comprendre les interactions entre l’embryon et l’endomètre, étape essentielle pour une grossesse.
  • Du DPI-A ou d’autres techniques pour mieux évaluer le potentiel implantatoire d’un embryon.
  • De l’intelligence artificielle pour renforcer l’expertise des professionnels de l’AMP

Approches qui sont actuellement loin d’être proposées aux patients qui en auraient besoin, soit par manque de financement, soit non inscription dans la nomenclature des dispositifs médicaux. Soit parce que la technique ne s’est pas démocratisée dans les prises en charge en AMP qui le nécessitent.

Si nous prenons l’exemple de la génétique, le séquençage à très haut débit, utilisé pour expliquer de nombreuses maladies et proposer un traitement adapté, n’est malheureusement pas utilisés pour les personnes infertiles, alors que nous disposons d’un laboratoire de référence labellisé récemment par le ministère des Solidarités et de la Santé pour définir les causes génétiques des infertilités féminines et masculines. Les moyens alloués sont très insuffisants pour permettre au plus grand nombre de patients de profiter de ces innovations diagnostiques et de les appliquer pour traiter ensuite de façon plus adaptées leur infertilité.

Voir à ce sujet, nos questions aux candidats à l’élection présidentielle

Il faut maintenant que cela soit suivi d’effets, car cela fait bientôt 9 ans que nous avons écrit ces mots et cela fait 40 ans qu’Amandine est née. Les hommes et les femmes infertiles n’ont pas le temps d’attendre encore 40 ans que des progrès soient réalisés pour voir aboutir leurs projets parentaux. Il y a urgence à sortir du tout stimulation ovarienne des femmes.

Rejoignez nous si cet objectif est important pour vous et bon anniversaire à Amandine ! Ce soir, sur ARTE JOURNAL dans l’émission du soir, un sujet sera diffusé sur ce sujet avec un peu de BAMP dedans.

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