
28ème éditions de la Fédération Française d’Etudes de la Reproduction et pour BAMP cela sera notre 9ème participation. Nous intervenons […]
Irène Théry répond aux questions d’une journaliste du Monde. Comme toujours, les propos sont intelligents, argumentés, inscrits dans l’histoire de l’évolution de la famille. Elle donne des éléments d’analyse des évolutions sociétales, des représentations de la famille, de la filiation, de la manière de faire des enfants au XXIème siècle. Très intéressant à lire. Prochaine étape lire le livre. Mais déjà lisez cette interview.
Propos recueillis par Gaëlle Dupont
Dans les enquêtes d’opinion, la famille arrive en tête des valeurs préférées des Français. Dans le même temps, on n’a jamais autant parlé de crise des valeurs familiales. Comment l’expliquez-vous?
Dire que les valeurs se perdent, c’est ne pas comprendre le changement du monde dans lequel nous vivons. Il n’y a pas moins de valeurs mais d’autres valeurs. Mais ce qui apparaît est bien plus difficile à voir que ce qui disparaît ! C’est pour les mettre en avant que notre rapport a pour sous-titre « le droit face aux nouvelles valeurs de responsabilité générationnelle ». Avoir moins d’enfants, ce n’est pas un signe d’égoïsme, c’est vouloir assurer à chacun de bonnes conditions d’éducation. Ne pas se marier, ce n’est pas un refus de s’engager mais une autre façon d’affronter le défi du temps qui passe, dès lors que l’idéal du couple inclut la possibilité de rompre. L’engagement « quoi qu’il arrive » s’est déplacé du mariage vers la filiation. C’est sur elle que nous avons reporté tout notre besoin de sécurité et tout notre idéal d’indissolubilité et d’inconditionnalité.
Pour une partie de l’opinion, la famille est une institution immuable qu’il faut préserver. Vous montrez au contraire qu’elle subit d’importantes métamorphoses.
La place du mariage l’illustre parfaitement. C’est seulement avec la Révolution française que triomphe le droit de choisir librement son conjoint. Le mariage civil devient alors le socle de la seule famille reconnue. Une grossesse hors mariage signifiait pour les femmes la honte, et pour l’enfant ne pas avoir de père : les « bâtards » étaient de véritables parias sociaux. Des centaines de milliers de femmes du XIXe siècle se sont retrouvées enceintes d’enfants qui ont été marqués du sceau de l’infamie, acculées à l’abandon ou à l’infanticide. Ce monde d’hier a disparu sans même que l’on s’en rende compte. Le fait de se marier ou non est devenu une question de conscience personnelle : c’est là le cœur de la mutation contemporaine de la famille.
Quels ont été les ferments principaux de ces bouleversements ?
Le moteur majeur, c’est l’avènement de l’égalité des sexes comme une valeur cardinale de la démocratie. Les révolutions du XVIIIe siècle, qui ont banni la hiérarchie des individus au nom de l’égalité et de la liberté, l’avaient conservée uniquement entre les femmes et les hommes. La hiérarchie, c’est l’idée que tout le monde ne peut pas être à la même place. Aux hommes la politique, la guerre, l’entreprise, la science, l’art ; aux femmes la maison, les enfants, les personnes âgées et l’art de recevoir. Dans cette conception, le mariage était une institution de la société globale qui, couple après couple, avait pour fonction majeure de faire le lien entre le monde masculin, public et politique, et le monde féminin, privé et domestique.
Pour lire l’article dans son intégralité, c’est par ici Via le site de NSAE (Nous Sommes Aussi l’Eglise) ce n’est pas du prosélytisme. Juste qu’ils donnent l’article dans son intégralité.
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