Le 21 janvier 2022, Marie-Joëlle GROS, bénévole de notre association à Paris, a été invitée sur la radio Fréquence Protestante, […]
Don Des Fées Mères – Interview du mois
Aujourd’hui nous vous proposons les questions-réponses de l’interview du mois, pour mettre en avant une jeune femme qui œuvre dans sa région pour promouvoir le don d’ovocyte.
En France, le manque de donneuses pousse les couples qui veulent voir leur temps d’attente réduit, à trouver eux-mêmes une ou des donneuses qui doivent ensuite s’adresser au CECOS de leur région. Situation parfois délicate au regard de la loi de bioéthique qui exige que le don soit librement consenti, anonyme, gratuit.
Il faut donc naviguer tout en nuance, entre ce qu’autorise la loi (informer sur les besoins en don de gamètes) et ce qu’interdit la loi (faire de la publicité pour inciter les gens à donner leurs gamètes). Pas facile.
Nous vous laissons donc découvrir l’interview de cette femme que nous appellerons Don Des Fées Mères (elle souhaite préserver son anonymat) et qui se mobilise pour communiquer sur le don d’ovocyte dans l’espoir de trouver une donneuse pour elle et pour d’autres femmes.
1. Vous avez ouvert un blog et une page facebook pour parler du don d’ovocyte en France, pourquoi une telle démarche ?
Après 4 stimulations pour FIV en un an, après de nombreux entretiens, prises de sang, etc… Je me suis retrouvée démunie de mes repères liés à la PMA. J’avais besoin de garder un lien avec le milieu en attendant les rendez-vous et les interventions plus espacées en DO qu’en stimulation pour FIV. Le blog et le profil Facebook ont comblé le manque et tant qu’il y a un lien avec la PMA, il y a espoir. Ce lien, je l’ai créé à travers les médias. C’est aussi une façon de trouver une fée (donneuse) afin de réduire mon attente en don d’ovocytes.
Au départ, j’ai dit au spécialiste, mais je ne connais personne…Puis cette idée de blog a germé dans mon esprit, en plus j’aime écrire…et puis maintenant, j’espère trouver une donneuse, des donneuses, tout en continuant avec ce mode de communication. Et puis, petit à petit, j’ai voulu apporter un côté positif et une forme d’espoir en démontrant que oui, on existe pendant l’attente.
2. Votre parcours d’AMP vous a donc mené à avoir besoin d’un don d’ovocyte. Qu’avez-vous ressenti lorsque le médecin vous a dit que vous devriez peut-être avoir besoin d’un don d’ovocyte pour devenir maman ?
Au vu de ma situation de santé, c’était la seule chance qui s’offrait à moi pour espérer devenir maman. Un choc, des pleurs, un repli sur moi-même, beaucoup d’échanges avec mon mari, un rendez-vous avec le psychologue. Un deuil d’un enfant biologique que je n’aurai jamais. Et puis, le peut être est rapidement devenu réalité et quand les choses se sont précisées, je suis allée de l’avant car le lien avec la PMA n’était pas rompu. C’est ce que je leur dis aux sages-femmes en PMA quand elles me demandent comment je vais. Tant que je suis là, c’est que tout va bien.
Ensuite, une opération pour bien préparer le terrain, un cycle test pour observer le comportement de mon utérus, les rendez-vous obligatoires (tribunal, psychologue, spécialiste, laboratoires d’analyse). Une émulation de petites choses qui occupent l’esprit de façon positive.
Et puis aussi, je me suis dit, qu’enfin, mon mari et moi allions avoir un peu de temps et accomplir de petits projets que nous avions mis de côtés pendant plus d’un an. La semaine dernière, nous étions à Londres, puis quelques jours dans le Nord de la France, et puis bientôt quelques jours en Italie. Nous vivons à nouveau et nous existons pendant l’attente. C’est la souplesse du Do par rapport aux FIV… ;
3. Que pensez-vous du manque de donneuses en France ?
C’est au début de mon parcours PMA que j’ai appris que l’on pouvait faire don de ses ovocytes…De fait, comment les femmes qui ne se rendent pas en PMA peuvent avoir conscience de cette réalité ? J’ai l’impression que les affiches sur le don d’ovocytes ne sont visibles qu’en PMA ou en gynécologie…
Je connaissais le don de sperme mais rien sur le don d’ovocytes. D’ailleurs, même mon pharmacien m’a demandé si c’était légal…et bien, j’ai changé de pharmacie
Naïvement, j’ai signalé mon souhait de donner moi aussi lorsque j’aurai eu des enfants. Suite à cela, j’ai vite été confrontée à la réalité : trop âgée, pas d’enfant et un parcours de santé pas top top.
Manque de donneuses certes car manque de communication ciblée. Les conditions sont strictes mais nécessaires pour recueillir des ovocytes de qualité.
Conditions très encadrées et protocole qui fait peur. Et puis, il est plus difficile de demander un ovocyte qu’un billet de 5 euros.
Le don est gratuit et anonyme, cela doit contribuer au manque.
En tous les cas, il existe certains pays où le don d’ovocytes n’existe pas. En France, nous avons la chance d’être aidées et d’être prises en charge par notre système de santé. On peut ouvrir nos horizons et se dire que même s’il manque de donneuses en France, la PMA existe.
On n’est pas en train d’attendre un organe vital qui nous permettrait de vivre.
Attention, je ne sous-estime pas la cause, bien au contraire mais j’essaie de relativiser par rapport à toutes critiques que l’on peut lire sur les forums ou sur les groupes.
4. Est-ce que cette proposition a été « simple » à intégrer ? Avez-vous eu besoin d’un délai pour digérer cette nouvelle situation et accepter d’entrer dans ce nouveau parcours ?
La proposition nous a été très bien expliquée, il était hors de question de refuser et nous avons donné un grand OUI sans délai et sans plus qu’un échange de regard. C’est une chance, ce n’est pas foutu, il y a de l’espoir. Même si parfois, j’en pleure encore, loin des regards…
5. Avez-vous eu besoin d’échanger avec d’autres femmes en parcours de don d’ovocyte ?
Non pas du tout, j’ai lu des forums et j’étais plus en recherche de fées potentielles qu’en recherche d’échanges avec d’autres femmes en attente de dons.
Les forums ne m’ont pas plu. Selon moi, ce n’est pas une des façons les plus efficaces pour faire avancer la cause. Certains propos feraient fuir la plus convaincue des potentielles donneuses ! Bon j’exagère mais il y a une part de réalité…
6. Quels ont été vos démarches pour trouver du soutien, des informations par rapport au don d’ovocyte ?
Un échange avec les spécialistes, une confidence auprès de ma sœur et de mes plus fidèles amis et puis surtout l’amour de mon mari, ceci pour le soutien.
Les informations, d’abord sur les forums, sur différents sites et puis la confusion totale, des acronymes, du vocabulaire inconnu… alors une orientation vers un site de référence et neutre mais tellement bien expliqué, le site de l’agence de la biomédecine.
7. Pouvez-vous nous donner des indications sur les délais d’attente dans le centre où vous êtes prise en charge ?
Non, je ne connais pas vraiment les délais, de l’ordre de 1 an avec donneuse. Par contre, je connais le délai que je m’accorde avant d’aller tenter notre chance à l’étranger. Attente et actions me correspondent bien. Par contre, attendre sans rien savoir…c’est autre chose.
8. Que pensez-vous de « l’obligation » faite aux couples en attente de chercher une donneuse, pour tenter de réduire leur temps d’attente ?
Vous avez raison de le mettre entre guillemets, il n’y a pas obligation, il y a suggestion. C’est une façon, avec les moyens du bord de faire avancer les choses. Chercher une fée m’a permis de faire connaître le don d’ovocytes, plus qu’une affiche sur le don en PMA. Sérieusement, des affiches ou des spots informatifs, dans les magazines ou télé, vous en voyez beaucoup, vous ?
Alors certes le système n’est pas juste mais c’est mieux que de ne rien faire. Si je trouve une donneuse, c’est potentiellement 3 couples qui vont pouvoir fonder une famille…il ne s’agit pas uniquement de réduire l’attente, il s’agit de faire avancer la cause.
9. Pour remédier à l’attente vous avez décidez d’agir pour vous et pour les autres. Pourquoi et comment ? Qu’est-ce que cela vous apporte ?
Pour moi d’abord, pour trouver une donneuse et puis, si je trouve plusieurs donneuses pour aider des femmes qui n’auraient pas les mêmes facilités que moi pour communiquer et effectuer des recherches. Il y a le tabou, la religion, parfois la barrière de la langue et aussi l’accès aux nouvelles technologies…Tout le monde n’a pas la possibilité de franchir ces barrières.
Création du blog, alimentation du blog, facebook, articles dans la presse… Je travaille aussi avec une Association pour enfants malades, qui me soutient et qui me permets de m’exprimer lors de soirées organisées en faveur des enfants malades.
Je contacte l’agence de la biomédecine pour leur proposer mes idées sur les campagnes de sensibilisation. Je distribue des flyers, des affiches dans les pharmacies, labos d’analyses etc…
Cela m’apporte beaucoup, j’ai l’impression de porter ma petite pierre à l’édifice, je côtoie des personnes généreuses et altruistes. J’apprends à mieux me connaître et à dépasser mes frontières.
Je discute avec des artistes qui me soutiennent, j’apprécie leurs œuvres. J’ai ajouté le filtre du blog sur mon regard de ce qui m’entoure. Je cherche du sens, des petites anecdotes, des choses plus ou moins sérieuses, plus ou moins rigolotes…pour mettre sur le blog…je deviens créative et je canalise mon énergie. J’apprends aussi à donner.
Une potentielle fée m’a dit : vous demandez de l’aide mais vous comment aidez-vous les autres ? ça a changé ma façon de percevoir la générosité.
Et puis plus tard, nous montrerons à nos enfants comment, différemment, il a été conçu et désiré du plus fort de nos cœurs.
10. Vous nous avez dit que dans votre région, vous parliez du don d’ovocyte à chaque fois qu’une occasion publique vous le permet. Quels retours avez-vous suite à vos différentes interventions ?
Beaucoup de retenue lors d’une soirée, et puis petit à petit, les langues se sont déliées…sur une soirée au moins 4 femmes étaient intéressées, 3 ne pouvaient pas soit à cause de leur âge, soit à cause de leur santé et une y pensait sérieusement avant de me rencontrer, elle l’a pris comme un signe et nous voir, et discuter avec moi face à face, en vrai, l’a apparemment convaincue de donner…Nous verrons ce qu’il en ressort…car il y aussi parfois pas mal d’entrain mais qui peut retomber comme même l’un des meilleurs soufflés.
Je conçois et accepte tout cela. Au pire, on aura communiqué sur le don, au mieux, on trouvera des donneuses.
Suite à l’article dans le journal, témoignage de notre histoire, j’ai reçu 4 mails de personnes qui connaissaient déjà le don, qui étaient en réflexion…l’article les a touchées…on verra les conclusions.
Il faut savoir être à l’écoute de la future donneuse mais aussi lui parler sans termes trop scientifiques ou médicaux, ne pas embellir ni assombrir les choses. C’est délicat, il ne faut pas être pressante et il faut concevoir que le temps d’une dame en attente n’est pas le temps d’une maman de moins de 36 ans et en bonne santé.
Parfois, je me retiens de demander des nouvelles mais je sais qu’à chacune son rythme, j’ai confiance en ces femmes. Si elles ne reviennent pas vers moi de suite, elles reviendront un jour vers le CECOS.
Ces mamans sont généreuses et sensibles, elles veulent partager les sentiments d’être maman…quand elles me disent çà, j’en ai des frissons…
11. Pensez-vous que cela soit plus ou moins efficace que la campagne mise en place par l’agence de la biomédecine ? Pourquoi ?
Il n’y a pas beaucoup de comparaison : l’agence de la biomédecine est professionnelle, je ne suis juste qu’une femme en attente de don…qui fait ce qu’elle semble juste.
Peut-être la proximité joue beaucoup… Une journaliste a mentionné que voir les visages sur un article faisait naître plus de réactions…sur un sujet ou un autre… Nous nous avons choisi de ne pas montrer nos visages.
12. Est-ce simple de parler en public de votre désir de parentalité, de votre infertilité, de votre besoin de recourir à un don d’ovocyte pour devenir maman ? Comment présentez-vous les choses ?
Cela le devient de plus en plus ! Il faut apprendre à « pitcher » le sujet, à sensibiliser sans surcharger, à sensibiliser sans faire pitié, il faut parler peu mais vrai, il faut remercier pour l’écoute…J’ai su à 21 ans que je devrais avoir recours à la PMA, mes cicatrices méritaient explications à ceux qui me voyaient nue, que ce soit dans les vestiaires, chez les médecins, avec mes anciens compagnons, avec l’esthéticienne…J’ai appris à dire que je ne pouvais avoir d’enfants de façon naturelle, je me suis exercée pendant plus de 15 ans. Quand quelqu’un me dit, alors quand est-ce que vous faites un enfant, je réponds, c’est en cours, on se fait aider par des spécialistes. Je ne m’étale pas plus…je choisis de parler du don aux gens qui m’interpellent et qui ne me connaissent pas beaucoup si je me rends compte que cela peut être bénéfique.
13. Jusqu’à présent dans quels cadres avez-vous parlé du don d’ovocyte ? En parlez-vous dans le cadre professionnel aussi ? Si non pourquoi ?
Sur le blog, sur facebook, à certains amis, à des inconnues, avec une journaliste, au cours du vernissage d’une amie.
Nous n’en parlons pas dans le milieu professionnel : nous travaillons au même endroit, les raccourcis sont vites faits, les absences pour spécialistes pourraient vite être analysées, critiquées, mon ventre observé…
Il faut penser que nous passons toute la semaine, tous les mois et toutes les années avec les mêmes collègues…De plus, contrairement aux amis ou aux occasions que nous créons pour parler du don, les collègues on ne les choisit pas…
14. Quels peuvent être, d’après vous, les effets négatifs de cette recherche personnelle d’une donneuse ?
La peur de ne pas avancer, de ne pas réussir..quand je vois que le blog a eu un pic de visites, je me dis c’est bien ça avance…Quand il n’y a eu que 15 visites en une journée, cela me peine et me démotive un peu. A plusieurs, on serait plus fort..mais il faut analyser les synergies et trouver une association ou une institution avec laquelle on partage la même idée du don et de la communication autour du don.
15. Ne pensez-vous pas que ce système du don relationnel provoque une inégalité de fait entre les couples qui peuvent chercher et trouver une donneuse et ceux qui ne le peuvent pas ?
Certes mais nous sommes tous inégaux, que ce soit devant la maladie ou l’attente..
Bien sûr c’est inégal mais que pouvons-nous concrètement faire ? Et que pensez des personnes qui souffrent d’une maladie et qui ne peuvent pas se faire opérer car non pris en charge et trop couteux ? Une fée peut aider 3 couples, cela fait potentiellement 2 couples qui n’ont pas la possibilité de dénicher cette perle.
16. Est-ce que d’échanger avec de potentielles donneuses vous apporte quelque chose dans votre parcours personnel vers la maternité dans le cadre d’un don de gamètes ?
Oui, je discute avec des femmes formidables, généreuses et pleines d’amour. Cela me conforte dans notre projet de maternité. Mon mari est issu d’un don de gamètes, il a été très heureux avec ses parents, qui l’ont aimé comme le feraient n’importe quels parents. Il n’a jamais ressenti de différence et ses parents non plus. Alors certes, mon enfant n’aura pas mes traits ou la couleur de mes yeux…mais en tous les cas, il sera le fruit de l’amour, de ceux qui auront tout fait pour connaitre la parentalité.
17. Comment définissez-vous votre rôle vis-à-vis des femmes qui viennent vers vous en tant que potentielles donneuses ?
C’est important de consacrer du temps à ces femmes, de les remercier même si elles ne vont pas jusqu’au bout du parcours. Le jour où j’aurais le don d’ovocytes, jamais je ne pourrais dire MERCI en face à la donneuse. Par contre, je remercie toutes les femmes qui me contactent. Je suis patiente et me renseigne auprès du CECOS pour elles. Ensuite, je les dirige vers le CECOS pour tout ce qui est médical. Je suis un tout petit intermédiaire, un tout petit pont, une mini passerelle qui permet aux femmes de mettre la réalité d’un couple face à une notion de don d’ovocytes. Regardez-vous-même nos réactions lors de lectures de témoignages, nul ne peut rester insensible.
18. Depuis que vous avez commencé ces démarches de communication publique sur le don d’ovocytes, avec combien de femmes qui s’interrogent sur le fait de devenir donneuses, avez-vous communiqué ? Combien ont entamées les démarches auprès d’un CECOS ?
Depuis le mois de janvier 2015, j’ai dû être en contact avec une dizaine de femmes : certaines allaitent, d’autres essaient d’avoir un autre enfant, certaines ne sont pas en bonne santé, certaines commenceront les démarches plus tard, certaines sont en vacances, certaines semblent avancer à leur rythme (le temps ne s’écoule pas de la même façon lorsqu’on attend…) mais j’ai confiance…
A ce jour, une dame a eu ses premiers rendez-vous et figurez-vous que cette dame voulait donner spontanément, nos routes se sont croisées par hasard sur la toile et de fait, elle s’est présentée au CECOS avec mon nom. Je communique régulièrement avec cette maman, savoir qu’elle existe me fait un bien fou.
19. Pensez-vous continuer à faire ces démarches de communication, une fois que votre projet parental sera réalisé ?
A ce moment-là, je me tournerai peut être vers une structure comme une association, pourquoi pas le collectif BAMP ? si j’ai la chance de devenir maman, je pourrai agir à un autre niveau, à me battre et à avoir de l’énergie disponible. Toute l’énergie que je mets actuellement pour la cause, je pourrais la déplacer à un autre niveau en œuvrant toujours pour cette cause.
20. Vous souhaitez rester anonyme, pour quelles raisons ?
Nous souhaitons dire nous-mêmes à nos enfants qu’ils sont issus d’un don. De fait, nous souhaitons contenir notre identité. Nous travaillons au même endroit. Nous n’aimons pas exposer nos fragilités et je n’aime pas être regardée au travers d’un biais « médical ». Je refuse toute sorte d’étiquette sur mon dos. Mon mari, par respect pour les volontés de ses parents, ne souhaite pas mentionner son histoire.
Et puis, Don des fées Mères ou Don Des ou encore DDFM, ça le fait non ?
BAMP ! Merci beaucoup pour vos réponses
DDFM :Merci à vous pour vos questions. Au plaisir d’échanger avec vous !
Sa page facebook
Son blog
Espace témoignages don d’ovocytes Agence de la Biomédecine
Émission Les maternelles sur le don ce matin!
Merci pour ce témoignage DDFM!
Et pour montrer que pendant l’attente, le couple existe quand même et malgré tout. Je retiendrais aussi le remarque de cette potentielle donneuse « tu demandes de l’aide, mais toi tu fais quoi pour aider « . On est souvent prompts à ronchonner (au mieux…) ou demander, mais peu comprennent que le don et la bienveillance ça circule. Et que souvent pour espérer recevoir il faut donner avant.
Bonne chance pour ton parcours !!! qu’il soit le plus court et le plus serein possible maintenant!
Moi au contraire cette remarque me gêne. Comme si c’était une demande de justification : tu as besoin d’aide mais prouves moi donc que tu aides les autres. Le don de soi ne doit pas être « si » l’autre donne aussi. D’ailleurs le don d’ovocyte est anonyme en France et les donneuses le font sans se soucier d’où ira leur don et si la personne le mérite et est généreuse avec autrui. Je donnais mon sang avant d’être transfusée et je suis donneuse d’organe, est-ce que c’est suffisant pour demander de l’aide selon cette personne ? Je sais qu’on n’a rien sans rien mais le don c’est le don sinon c’est le monnayer, que ce soit contre de l’argent ou un jugement de générosité.
Bonjour Tittounett, merci pour votre commentaire. Dans la remarque de cette femme, et au sein de notre conversation, il ne s’agissait pas de justification, ni d’un jugement de générosité, pas du tout…ni d’échange de quelque chose contre autre chose. Je suis désolée que vous l’ayez compris de cette façon. C’était simplement, une prise de conscience que chacun à son niveau peut donner à n’importe qui. Que ce soit des organes, du sang, de l’amour, de la tendresse, de la présence ou de l’argent ou à manger à quelqu’un qui a faim, un sourire, un compliment, tant de choses…Donner, simplement, sans retour, sans même y penser.Comme cette personne avec qui je me suis entretenue. D’ailleurs, je parle beaucoup de la générosité de ces femmes qui donnent leurs ovocytes, elles font preuve de tellement de sensibilité, de bienveillance et de partage pour nous aider à devenir parents et contribuer à notre bonheur. Elles donnent et ne demandent absolument rien en retour. Seulement, quand on est dans le besoin, en attente de quelque chose, on oublie parfois de regarder les autres et de se dire, que , malgré la situation, on peut agir également. Comme chacun, il m’est arrivé de me renfermer. Quand on souffre, il est plus difficile de s’ouvrir aux autres mais ce n’est pas impossible. C’est dans une optique vertueuse de générosité que j’ai entendue cette phrase et qu’elle m’a été adressée. Elle a contribué à ce que j’arrive à relativiser mes souffrances. Ensuite, libre à soi de l’interpréter… En tous les cas, je peux vous assurer qu’il ne s’agissait que d’une discussion bienveillante et dénuée de jugement.
Je crois que la remarque porte plutôt sur l’état d’esprit que sur l’effectivité d’un retour de don. Si « les gens » en général avaient plus l’habitude de donner sans compter et justement sans attendre en retour, en étant moins dans la réciprocité absolue (tu donnes tant, donc je donne tant, ni plus , ni moins) ce don si généreux anonyme et gratuit serait peut être plus simple et plus fréquent.
C’est une habitude à prendre au quotidien, et comme je le disais, et l’a compris DDFM, c’est ce petit jeu de domino, peu importe la cause, qui fait qu’on vit dans un monde meilleur et que ça semble plus naturel de donner, ce qu’on peut, quand on peut, et à la cause qui nous convient.
Il est peut être envisageable de faire prendre conscience aux gens qu’on peut difficilement se plaindre d’une pénurie quand soi même on n’est jamais dans une démarche de don.
Tittounett tu n’a visiblement pas attendu d’avoir besoin d’un don de gamètes pour donner ton sang et c’est tout à ton honneur, mais je ne suis pas sure que ce soit la majorité des gens qui sont dans cette démarche. 🙁
C’est sûr que lorsque j’ai dû être transfusée, mon mari et moi on s’est regardé en se disant qu’on était encore plus proche psychologiquement de la démarche qu’on faisait depuis longtemps. On a vécu en live la nécessité du don (doublement vu que c’était à mon accouchement). En même temps j’ai l’impression que les receveuses d’ovocytes se prennent une telle baffe dans la tronche que ça exacerbe leur générosité. Le fait de ne pouvoir fonder une famille qu’à condition qu’une tierce personne donne d’elle même ça vous fait voir la vie sous un jour nouveau je pense.
Merci Lailalailo! Faisons alors circuler le don et la bienveillance! Que ce soit pour notre cause ou une autre, ou simplement par nos valeurs et les attentions que nous pouvons donner autour de nous. Parfois, souvent même, un sourire ou un compliment peuvent égayer la journée d’une personne en souffrance non visible.
Bonne continuation à vous!
DDFM
Je suis passée en coup de vent hier… Merci pour ce témoignage DDFM et pour ce que vous faites. Je trouve moi aussi que la campagne de l’agence de biomédecine pour le don est très limitée: pas de spot tv (qui serait le plus efficace, mais je pense que nos gouvernants français sont trop frileux pour ça) et affiches visibles en PMA seulement. Mais ce sont les crèches et les écoles qu’il faut viser!!! S’ils voulaient vraiment se donner les moyens… Dur combat… Merci encore!
Merci Fortuna, j’ai regardé ton blog hier et j’ai souri à certaines choses, c’est chouette. La communication devrait être plus ciblée, je suis d’accord avec toi. Seulement, c’est tout de même là où il y a cette frontière à ne pas dépasser entre informer et influencer. Certaines femmes, de par mon expérience, refusent de connaître le don et se bouchent les oreilles. Je peux les comprendre, nous avons tous peur de quelque chose ou nous refusons tous d’entendre certaines choses. En ce qui concerne le combat, quelle chance nous avons d’être en France et d’avoir des associations et des institutions, des hôpitaux pour nous aider! Il y a certains pays, même européens si je ne me trompe, où le don d’ovocytes n’est pas autorisé… Passe une super journée et c’était un plaisir d’échanger avec toi.
Oui le don est autorisé en France et c’est une chance par rapport à d’autres pays. Mais il y a beaucoup d’hypocrisie là-dedans. Sans vouloir influencer les potentiels donneurs, il faudrait déjà les informer et ce n’est pas fait correctement selon moi. Comme tu le sais, de nombreux couples partent à l’étranger pour un don, à cause des listes d’attente énormes dûes au manque de donneuses. C’est notre cas et la plupart des gens pensent que nous partons à l’étranger parce que c’est interdit ici. Non, le don d’ovocyte n’est pas interdit en France… (j’ai écrit un article sur mon blog à ce sujet). Il y a encore beaucoup de boulot! Bonne après-midi!