Capsule vidéo : « Le syndrome de l’AMP » concept développé par Madame Déborah SCHOUHMANN-ANTONIO, thérapeute en périnatalité et AMP. A PARIS […]
Auto-conservation des ovocytes, vers une réelle avancée…….. pour 2018 ?
Comme vous avez pu le voir ou l’entendre ces derniers jours, l’académie de médecine, a rendu un rapport en faveur de la conservation des ovocytes hors contexte d’infertilité, qu’ils nomment eux « autoconservation comme prévention de l’infertilité liée à l’âge« .
C’est un pas énorme vers une réelle avancée dans ce domaine, avancée que nous réclamons et attendons depuis la création de l’association en 2013. Elle ne pourra être effective qu’avec une révision de la loi de bioéthique en 2018.
Nous savons bien, nous « vieilles » infertiles, vieilles pas forcément en âge, mais en entrée en AMP à une époque toute proche avant 2011 (et les premières vitrifications d’ovocytes en France), où la loi de bioéthique venait tout juste de dire « ok pour la conservation des ovocytes en contre partie d’un don« , bon ok aussi pour dire que le décret d’application, n’arrivera que fin 2015. Donc, nous « vieilles » femmes infertiles ou stériles, si nous avions su et pu préserver nos ovocytes, nous l’aurions fait, pour nous éviter les échecs des tentatives d’AMP et/ou pour éviter le recours au don d’ovocyte.
Voir l’article que nous avions publié dans l’Express en octobre 2014. Ou plus complet sur le site de BAMP « Vitrifier mes ovocytes, si je veux et si je peux« , car depuis la création de l’association, c’est une demande que nous avons inclu dans notre Manifeste, que nous diffusons aux médecins AMP comme aux politiques.
En 2014, nous avions participé aux travaux des étudiants de l’école des Mines sur « Faut-il autoriser l’autoconservation des ovocytes ? »
L’académie de médecine est une autorité médicale importante en France « elle peut être saisie d’une demande d’avis par les Pouvoirs publics mais elle peut aussi s’autosaisir dans les domaines de la santé mais plus volontiers sur les questions de Santé publique et d’Ethique médicale« , on peut donc penser que l’avis rendu puisse influencer un gouvernement dont le président, lors de sa récente campagne s’était déclaré favorable à cette évolution. Reste à attendre l’avis du CCNE, puis les débats sur la révision de la loi de bioéthique.
En tout cas tous les signaux semblent au vert, ce qui est très positif pour voir ENFIN la France, évoluer sur cette question. Il faut cependant, rester vigilant et continuer notre travail de sensibilisation, d’information, de volonté de changement. Car pour l’instant rien n’est encore acquis.
Vous pouvez lire, dans son intégralité, le rapport de l’académie de médecine ici, mais je vous résume les éléments essentiels :
Ils énoncent les différents principes à l’œuvre pour soutenir un avis positif vis à vis de l’autoconservation.
- Principe de bienfaisance
- Principe d’autonomie
- Principe d’égalité
- Ils alertent aussi contre un risque de médicalisation accrue que pourrait induire trop de vitrification hors contexte d’infertilité, en effet, ce n’est pas négligeable physiquement de s’injecter des hormones et de passer au bloc…..juste pour faire vitrifier des ovocytes dont on n’aura peut-être pas besoin de se servir.
Recommandations de l’Académie de médecine pour que « L’autoconservation des ovocytes soit accordée dans trois circonstances :
La préservation de la fertilité pour raisons médicales (tel que c’est déjà le cas)
Le don d’ovocytes (depuis loi 2011 et décret 2015)
La prévention de l’infertilité liée à l’âge (voilà la grande avancée, que nous demandons depuis la création de l’association COLLECTIF BAMP !)
La loi de bioéthique du 7 juillet 2011 sur le don d’ovocytes découple le don de la conservation pour soi même, car cette loi impose aux femmes qui souhaitent conserver leurs ovocytes en prévention de l’infertilité liées à l’âge, des conditions pratiquement irréalisables et contraires à la déontologie médicales (besoin de trois ou quatre cycles de stimulations pour obtenir le nombre suffisant d’ovocytes pour espérer une grossesse)
Cette démarche soit réservée aux femmes majeures, sous réserves d’une information exhaustive sur les méthodes, leurs coûts, sur l’âge recommandé du recueil, avant 35 ans, et l’âge d’utilisation ultérieur des ovocytes, avant 45 ans, sur les chances de succès, les risques d’échecs ou de complication, les risques de grossesses tardives, liés à la procédure.
Aux femmes qui sollicitent cette procédure soient prodigués les conseils et accordé le délai de réflexion propres à leur permettre d’approfondir leur décision.
Les médecins chargés de la procédure puissent s’assurer que la décision des femmes de conserver leurs ovocytes soit exempte de toute pression sociale, professionnelle ou commerciale.
Avant 35 ans, les femmes et les hommes soient informés de l’évolution de la fertilité avec l’âge et sur les risques des grossesses tardives, comme l’assurance maladie le fait pour les questions de santé publique.
Il soit effectué un suivi à long terme des mères et des enfants issus de cette technique ». RAPPORT ANM DU 13 JUIN 2017
La reconnaissance par la loi de la légitimité de l’autoconservation des ovocytes « pour raison d’âge », va-t-elle aussi ouvrir l’accès à l’AMP à toutes les femmes ? On peut légitimement s’interroger, car si les femmes sont prochainement autorisées à faire vitrifier leurs ovocytes, donc sans forcément ETRE DANS UN COUPLE HETEROSEXUEL, il semblerait logique que l’accès à l’AMP leur soit aussi enfin autorisé, qu’elles soient seules ou en couple homosexuel. Car il ne serait pas cohérent d’un côté de pouvoir faire vitrifier ses ovocytes et d’un autre de ne pas pouvoir les utiliser dans le cadre d’une AMP, si besoin.
Hors si la loi de bioéthique ne change pas, cela ne sera pas possible, car elle fixe clairement l’accès de l’AMP à une notion de couple hétérosexuel : « L’assistance médicale à la procréation a pour objet de remédier à l’infertilité d’un couple ou d’éviter la transmission à l’enfant ou à un membre du couple d’une maladie d’une particulière gravité. Le caractère pathologique de l’infertilité doit être médicalement diagnostiqué.
L’homme et la femme formant le couple doivent être vivants, en âge de procréer et consentir préalablement au transfert des embryons ou à l’insémination. Font obstacle à l’insémination ou au transfert des embryons le décès d’un des membres du couple, le dépôt d’une requête en divorce ou en séparation de corps ou la cessation de la communauté de vie, ainsi que la révocation par écrit du consentement par l’homme ou la femme auprès du médecin chargé de mettre en oeuvre l’assistance médicale à la procréation. »
Il faut donc se mobiliser, comme nous l’avions fait pour le projet AMP-TRAVAIL, en allant voir tous nos nouveaux députés, mais aussi nos sénateurs, pour leur parler d’AMP et de nos demandes d’évolution de la loi de bioéthique. Du côté de BAMP, les courriers vont partir prochainement, vers les nouveaux ministres aussi. Si vous voulez vous mobiliser pour 2018, prenez rendez-vous avec le nouveau député de votre circonscription. Nous pouvons vous aider à préparer cet entretien.
De plus, un autre gros travail de prévention va devoir se mettre en place, comme nous le demandons aussi, depuis la création de l’association, sur la mise en place une importante campagne d’information, sur la fertilité humaine, son déclin inexorable avec l’âge, mais aussi de l’impact négatif, des différentes pollutions, sur nos gamètes reproductives. La vitrification même dans la période optimum qui se situe entre 25 et 35 ans, ne pourra « réparer » un ovocyte dont l’adn sera négativement modifié.
Pour que cette préservation puisse avoir tout son sens, il faut qu’elle soit réalisée avec des gamètes en bonne santé, tant en terme de jeunesse que d’ADN. Attention que la vitrification pour « raison d’âge », ne devienne pas LA solution, comme la FIV peut l’être, encore aujourd’hui, dans l’imaginaire collectif.
Des questions restent en suspend, et c’est le législateur qui tranchera, d’où l’importance de faire entendre nos voix, sur notamment la prise en charge financière de ces vitrifications « pour raison d’âge ».
Est-ce que les femmes ayant déjà des enfants serons autorisées à faire cette démarche ?
Allons-nous vers une conservation des gamètes, plutôt que des embryons ?
Les équipes d’AMP, déjà actuellement surchargées vont-elles avoir les moyens de prendre en charge ces potentielles nouvelles patientes ?
Comment va s’organiser matériellement la conservation ? Les cuves étant déjà bien remplies avec les embryons surnuméraires.
Quid aussi des femmes qui vont vouloir faire vitrifier leurs ovocytes et qui vont découvrir qu’elles sont en fait infertiles, voir stériles ? Nous demandons aussi la mise en place de bilan de fertilité, qui pourraient permettre à ceux qui le souhaitent de faire le point en amont. Qui pour accompagner ces parcours de vie ?
C’est toute une nouvelle manière de penser et vivre sa fertilité, mais aussi l’assistance médicale à la procréation qui pourrait se mettre en place.
Le nombre enfants nés grâce à un don d’ovocytes, qui ne faisaient qu’augmenter depuis 30 ans, va-il se tarir ? Seront-ils comme une parenthèse, de 30 ans, dans l’histoire de la reproduction ?
Comment vont réagir les cliniques étrangères, qui risquent de perdre une partie de leur chiffre d’affaire à la fois sur la vitrification des ovocytes des Françaises et sur les FIV don ovocyte réalisés par les Français ?
Bon n’extrapolons pas trop, il y a déjà, une avancée à faire aboutir pour 2018 en France.
Partager la publication "Auto-conservation des ovocytes, vers une réelle avancée…….. pour 2018 ?"
Bonjour et merci pour votre article
Je rebondis dessus car aujourd’hui le CCNE a rendu un avis sur la question et cet avis n’est pas en faveur de la préservation malgré celui, positif, de l’Académie de Médecine. Je suis outrée par le conservatisme et la mysoginie de notre pays, cet avis du CCNE est un mauvais signal qui pourrait faire passer à la trappe les évolutions législatives de 2018 en faveur de la libre préservation des ovocytes.
Quel recours avons-nous quand on a la trentaine et pas d’enfants ? Toutes les françaises dans cette situation vont-elles devoir aller à l’étranger, en supportant un coût financier et psychologique décuplé pour ces procédures ?
J’aurais souhaité savoir si votre collectif propose des actions ou des pistes pour obtenir les mêmes droits en France. Quoi qu’il en soit, cela montre que les femmes doivent toujours se battre pour obtenir un semblant d’égalité, c’est bien triste et bien rageant.
BOnsoir, oui nous nous mobilisons sur ce sujet, depuis 2013.
OUi, mauvais signal, c’est pour cela que nous relançons auprès de nouveaux députés et de notre nouveau gouvernement la diffusion de notre manifeste et que nous allons tout faire pour obtenir la possibilité de l’autoconservation des ovocytes.
Rejoignez nous, car plus nous serons nombreux à défendre cela, plus nous avons de chance de le voir aboutir.