45 ans du 1er bébé FIV…………..?

En 1978, le 25 juillet, naissait en Angleterre le premier bébé FIV, Louise. Un événement à l’époque, depuis plus de 8 millions bébés sont nés dans le monde grâce à la FIV. En France, les chiffres de l’activité 2020 montrent la prépondérance de la FIV et aussi maintenant des TEC suite à une FIV.

On note ainsi parmi les 20 223 enfants nés issus d’une AMP réalisée en 2020 :

  • 20,4% (4 117 enfants) ont été conçus par insémination intra-utérine, technique d’AMP la plus simple à mettre en place, la moins invasive et la moins coûteuse. L’insémination intra-utérine vient ici confirmer sa place au sein des traitements de l’infertilité, 
  • 44,1% (8 924 enfants) sont issus d’une décongélation embryonnaire. Ce nombre en constante augmentation (16% en 2013, 34,2% en 2018, 37,4% en 2019) témoigne de la diminution du nombre moyen d’embryons transférés à chaque transfert, de la place croissante des transferts différés d’embryons dans la stratégie de prise en charge des couples en AMP et du moindre impact de la crise sanitaire sur l’activité de transferts d’embryons congelés (TEC). Ces évolutions sont favorisées par le développement de la vitrification embryonnaire et la meilleure survie des embryons après réchauffement.
  • Et 35,5% (7 182 enfants) sont nés après un transfert immédiat d’embryons issus d’une fécondation in vitro (FIV hors ICSI et ICSI).  Cette proportion a diminué de près de 6 points (41,3% en 2019). SOURCES Rapport médical et scientifique de l’ABM

Au fil des décennies des progrès sont apparus au niveau des outils (réécouter d’ailleurs à ce sujet le podcast BAMP avec le professeur FRYDMAN), échographie, cathéter, milieu de culture. Les progrès des traitements de stimulation hormonal, les progrès des microscopes, des embryoscopes. L’ICSI en 1992 pour apporter une réponse à l’infertilité masculine, puis les progrès de la conservation des gamètes en 1984 avec la naissance d’un premier enfant en Australie suite à la décongélation de l’embryon. En 1994 le DPI est autorisé en France pour les couples qui sont porteur d’une maladie génétique grave et incurable, permettant de voir aboutir des projets de grossesse. En 1999 les Australiens mettent en route le procédé de vitrification des gamètes et des embryons, technique qui ne sera autorisée en France qu’en 2011 (suite à une 3ème loi de bioéthique, dont la première avait été instituée en 1994). En 2014, une femme donne naissance à un enfant suite à une greffe d’utérus. La première naissance en France avec ce procédé a eu lieu en 2021. Pour ne citer que les principaux progrès.

MAIS au final, ce qui ne progresse pas ce sont les taux de réussite des FIV, qui nous vous le rappelons tournent autour de 20%, quatre FIV sur cinq se soldent par un échec et cela 45 ans après la naissance du premier bébé FIV ce n’est pas acceptable ! Il est de plus en plus évidement que les techniques d’AMP ne peuvent pas (pour l’instant ?) améliorer les pathologies parentales, l’objectif de l’AMP étant de permettre l’arrivée d’une grossesse, mais pas de « guérir » l’infertilité ou la stérilité. N’est-il pas possible d’envisager une approche thérapeutique en AMP qui soit moins exclusivement portée par la stimulation ovarienne ? De plus, la question de la santé des personnes infertiles ou stériles à long terme, n’est pas encore un sujet, sauf chez quelques médecins. Ainsi la prévention au sujet de l’infertilité des plus jeunes générations et le suivi de la santé à long terme des personnes infertiles doivent devenir des sujets de santé publique !

Et pourtant l’infertilité gagne du terrain, 3,3 millions de personnes en France, plus de 25 millions au niveau Européen. Les couples, les personnes confrontées aux échecs des FIV et des inséminations souffrent physiquement, psychiquement, socialement, professionnellement. Ils ont l’impression d’une impuissance tant individuelle que médicale. Alors que faire ?

Il est plus que temps, que cela change, que les 76% d’échecs des FIV ne soient plus qu’un lointain souvenir. Lors de la révision de la loi de bioéthique nous avions l’envie et l’espoir d’obtenir le DPI-A, mais les parlementaires nous l’ont refusé. Les études montrent pourtant que pour certaines femmes (en échec de FIV, de plus de 35 ans, ou avec des fausses couches) cette analyse du potentiel implantatoire des embryons permet d’améliorer les taux de réussite des FIV, en augmentant les taux d’implantation, en augmentant les taux de grossesse et au diminuant le temps pour obtenir une grossesse, en limitant les pertes fœtales, il permet aussi de limiter les impacts physiques et psychologiques négatifs des échecs à répétition. Il permet aussi de faire des économies, car au lieu d’accumuler les FIV et les échecs, en obtenant plus vite une réussite, et bien on dépense moins d’argent. MAIS NON, refusé.

Notre manifeste dans la partie « Améliorer les résultats de l’AMP » et ce depuis 2013, nous demandons que des outils comme Matricelab, win-test, endocel, et tous les procédés innovants puissent être accessibles aux patients qui en ont besoin, qu’ils soient inscrit dans la liste des actes de biologies et qu’ils soient remboursés. Nous sommes ravies de voir que dans le Plan de lutte contre l’infertilité, ces propositions sont reprises dans l’axe 4 « mieux identifier les causes de l’infertilité », « développer les technologies innovantes pour mieux diagnostiquer et prendre en charge l’infertilité inexpliquée« .

Il est urgent de faire entrer les prises en charge des patients infertiles dans une nouvelle ère de recherche et de compréhension des causes de l’infertilité inexpliquée, ou pour les échecs à répétition. Et de proposer aux patients une approche thérapeutique plus personnalisée via l’utilisation :

  • De la génétique, qui peut permettre d’expliquer certaines infertilités, de proposer des diagnostics et des thérapeutiques plus adaptés au profil génétique et médical des patients. La génétique peut permettre d’affiner des situations où la femme n’a pas d’ovocyte à la stimulation, mais peut avoir des follicules primordiaux dans ses ovaires qui pourraient être maturés in vitro. Les études montrent que pour 20% des femmes déclarée en IOP, cette technique leur permet d’obtenir une grossesse avec leur propres gamètes.
  • De l’immunologie, pour mieux comprendre les interactions entre l’embryon et l’endomètre, étape essentielle pour une grossesse.
  • Du DPI-A ou d’autres techniques pour mieux évaluer le potentiel implantatoire d’un embryon.
  • De l’intelligence artificielle pour renforcer l’expertise des professionnels de l’AMP

Approches qui sont actuellement loin d’être proposées aux patients qui en auraient besoin, soit par manque de financement, soit non inscription dans la nomenclature des dispositifs médicaux. Soit parce que la technique ne s’est pas démocratisée dans les prises en charge en AMP qui le nécessitent.

Si nous prenons l’exemple de la génétique, le séquençage à très haut débit, utilisé pour expliquer de nombreuses maladies et proposer un traitement adapté, n’est malheureusement pas utilisés pour les personnes infertiles, alors que nous disposons d’un laboratoire de référence labellisé récemment par le ministère des Solidarités et de la Santé pour définir les causes génétiques des infertilités féminines et masculines. Les moyens alloués sont très insuffisants pour permettre au plus grand nombre de patients de profiter de ces innovations diagnostiques et de les appliquer pour traiter ensuite de façon plus adaptées leur infertilité.

Les hommes et les femmes infertiles n’ont pas le temps d’attendre encore 40 ans que des progrès soient réalisés pour voir aboutir leurs projets parentaux.

Rejoignez nous si cet objectif est important pour vous et bon anniversaire à Louise BROWN !

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