VOTRE AVIS COMPTE ! Nous vous sollicitons pour participer, et aussi pour relayer l’enquête d’un groupe de travail européen qui […]
Sacrifier les femmes, préserver les croyances : pétition
En France aujourd’hui, 3,3 millions de personnes rencontrent des difficultés à concevoir un enfant. Plus d’un couple sur quatre est concerné et une femme sur 100 est aidée par la médecine chaque année… ce qui représente une naissance sur 30.
La hausse de l’infertilité est l’une des conséquences évidentes de la dégradation de l’environnement. Elle est une question qui dépasse le seul cadre de la médecine et concerne plus largement l’avenir de notre société.
Le recours à une fécondation in vitro (FIV) n’est jamais un choix de facilité. Il s’agit d’une solution de repli. Les parcours d’assistance médicale à la procréation (AMP) sont souvent longs et traumatiques, nécessitant un suivi médical quotidien, invasif et complexe. La santé des femmes n’est pas épargnée : elles subissent de nombreux examens médicaux, prises de sang et injections qui représentent une charge mentale, physique et émotionnelle épuisante… sans garantie de réussite. Quatre fécondations in vitro (FIV) sur cinq se soldent par un échec.
Pourtant, en France, tous les moyens ne sont pas mis en œuvre pour améliorer les chances de réussite, et particulièrement concernant les parcours les plus longs.
Hors accompagnement médical, à chaque cycle et en moyenne, les chances de grossesse sont évaluées à 25% pour une femme de 25 ans, à 12% pour une femme de 35 ans, et chutent drastiquement pour ne représenter que 6% pour une femme de 40 ans.
L’une des causes principales de cette dégradation, c’est l’anomalie génétique des embryons : ils comportent des défauts chromosomiques qui ne leur permettent pas de se développer. Chez une femme de 38 ans, 50% des embryons auront une anomalie chromosomique et ne pourront pas donner de grossesse. Les résultats lors de FIV, ce sont des tests de grossesse négatifs, des fausses couches précoces ou des interruptions médicales de grossesse…
Le DIAGNOSTIC PRÉIMPLANTATOIRE DES ANEUPLOÏDIES (DPI-A), pratiqué dans de nombreux pays européens, permet de détecter les embryons issus de fécondations in-vitro qui ne seraient pas viables pour ne conserver que ceux qui représentent l’espoir d’une naissance.
Raccourcir les parcours médicaux, c’est ménager la santé des femmes, préserver les patients d’échecs prévisibles, améliorer le travail des praticiens, épargner les dépenses de la sécurité sociale…
Les bénéfices sont évidents. Alors qu’attendons nous pour changer la loi ?
Interdire le diagnostic préimplantatoire des aneuploïdies (DPI-A) en France, c’est :
• Sacrifier la santé des femmes. Chaque transfert d’embryon chez une femme correspond à un traitement hormonal qui dure de deux semaines à un mois. Les effets indésirables des hormones sont nombreux (fatigue, maux de tête, nausées…), leurs conséquences peuvent bouleverser le quotidien.
• Mépriser la violence émotionnelle subie par les patientes. Chaque embryon correspond à l’espoir de la réalisation d’un rêve. Le désir de parentalité n’est pas un caprice. Chaque échec est l’effondrement d’un projet de vie.
• Creuser les inégalités sociales. Les patients les plus aisés n’ont qu’à traverser les frontières pour rejoindre une clinique pratiquant le DPI-A. L’interdiction ne concerne que ceux qui n’en ont pas les moyens. Pour certains, il ne s’agit que d’un effort financier. Pour d’autres, il s’agit de s’endetter pour de longues années ou de vendre ses biens. Car un projet de parentalité reste souvent un projet de vie qui prime sur tous les autres.
• Dilapider l’argent public. Le prix d’une fécondation in-vitro en France, c’est environ 4 100 euros. Quatre d’entre elles sont prises en charge par la sécurité sociale. Pour une patiente dont peu ou aucun embryon n’est viable, c’est autant d’investissement financier inutile.
• Empêcher les praticiens d’établir des diagnostics précis. L’échec d’implantation d’un embryon, une fausse couche ou la pratique d’une interruption médicale de grossesse peut avoir différentes causes. S’assurer de la viabilité d’un embryon permet d’éliminer l’une des causes pour préciser un diagnostic et ainsi permettre un accompagnement médical plus efficace.
• Et parfois piétiner le rêve d’une vie. En médecine de la reproduction, l’âge est un élément clé de la fertilité, le temps des patientes est compté. Négliger un essai, c’est prendre le risque de voir un parcours se solder par un échec ou voir la possibilité de devenir parent disparaître.
AUJOURD’HUI, NOUS DEMANDONS À NOTRE GOUVERNEMENT L’ACCÈS AU DIAGNOSTIC PRÉIMPLANTATOIRE DES ANEUPLOÏDES (DPI-A) POUR LES PATIENTS DE L’ASSISTANCE MÉDICALE À LA PROCRÉATION (AMP) DONT LE PARCOURS LE JUSTIFIE.
Aux contradicteurs, nous portons aussi nos réponses :
• Le DPI-A n’est qu’une option. Il ne s’agit pas d’une obligation. Tout comme le dépistage prénatal non invasif (DPNI) permet en début de grossesse d’informer les patients d’éventuelles anomalies génétiques, le DPI-A permettrait aux personnes infertiles qui recourent à une fécondation in-vitro de choisir d’y avoir recours ou pas. Il n’est pas question de prendre des décisions à leur place.
• Le DPI-A doit s’adresser aux patients de l’assistance médicale à la procréation (AMP) dont le parcours le justifie. Il est évidemment nécessaire de poser un cadre juridique et de définir les cas médicaux qui justifient ce recours. Cette lettre ouverte n’a pas pour objectif de défendre un accès généralisé.
• Chaque décision doit être prise par le patient. Le DPI-A est l’ouverture d’un dialogue entre le corps médical et ses patients. Avoir recours à la viabilité chromosomique permet en effet de déceler, par exemple, une trisomie 21 avant le stade fœtal. Il est donc possible d’offrir à ceux qui le souhaitent l’opportunité d’éviter une interruption médicale à un stade de grossesse plus avancé suite à un dépistage prénatal non invasif (DPNI). Nous n’envisageons pas que les médecins opèrent des décisions à la place des parents. Il ne s’agit ici que d’offrir une assistance médicale à la procréation (AMP) plus éthique et moins traumatisante.
• Un patient infertile ne veut pas de bébé parfait. Il veut juste un bébé, avec toutes les imperfections de la nature humaine. Souhaiter pouvoir recourir au DPI-A, ce n’est pas vouloir sélectionner son futur enfant : il ne s’agit pas de choisir un bébé normé, répondant à des critères de compétences et correspondant à des caractéristiques physiques ou intellectuelles déterminées. L’accès au DPI-A en France doit être accompagné d’un cadre juridique adapté pour prévenir toute forme de dérive (“eugéniste”). C’est le cas en Espagne : depuis l’autorisation du DPI-A en 2006, aucun écart n’a été constaté.
• Non, le DPI-A n’altère pas l’embryon. Pas plus qu’une manipulation telle que l’injection d’un spermatozoïde dans un ovocyte (ICSI) que les biologistes pratiquent au quotidien.
• Le DPI-A n’améliore pas non plus l’embryon. Il permet de déceler les anomalies chromosomiques, pas d’en modifier la génétique.
• Déceler les anomalies chromosomiques à un stade précoce ne modifiera pas le nombre de naissances. Le dépistage prénatal non invasif (DPNI) est accessible pendant la grossesse : le DPI-A permet aux patients infertiles en cours de fécondation in-vitro d’avoir accès aux même informations en amont et ainsi de leur épargner la douloureuse expérience d’une absence de nidation de l’embryon, d’une fausse couche ou d’une interruption médicale de grossesse.
• Le mosaïcisme embryonnaire, en plus d’être un phénomène très marginal, est décelable. Les biologistes seront en mesure de le savoir et d’en informer les patients. Permettre l’utilisation du DPI-A en parcours médical, c’est pousser la médecine à évoluer et à affiner ses recherches. C’est aussi prendre en compte l’ensemble des facteurs à la disposition des médecins pour aider les patients à faire un choix juste : des recommandations concernant l’impact du mosaïcisme sur l’implantation d’un embryon en font partie.
Cette lettre ouverte et pétition est écrite par le Collectif BAMP!, association de patients et ex-patients de l’assistance médicale à la procréation (AMP).
Elle est co-signée par :
– Association Fibrome Info France, Angèle MBARGA, présidente
– Professeur Nelly ACHOUR CHNEIWEISS, médecin biologiste de la Reproduction, Paris
– Dr Silvia ALVAREZ, médecin de la reproduction, Neuilly Sur Seine
– Professeur Tal ANAHORY, PH-PHD chef de service de l’unité de médecine de la reproduction, coordinateur du centre pluridisciplinaire de diagnostic pré-implantatoire, Montpellier
– Professeur Anne BACHELOT, cheffe du service Endocrinologie et médecine de la Reproduction, Paris
– Professeur Anne-Laure BARBOTIN, MCU-PH, faculté de médecine de Lille
– Docteur Virginie BARRAUD-LANGE, praticien hospitalier, service de biologie de la reproduction, cecos, Paris
– Dr Sophie BROUILLET, biologiste de la reproduction, service AMP-DPI-CECOS, Montpellier
– Professeur Florence BRUGNON, chef de service Assistance Médicale à la Procréation – cecos, Clermont-Ferrand
– Professeur Stéphane BEZIEAU, chef du service de génétique médicale du CHU Nantes
– Philippe BERTA, député du Gard
– Dr Olivier BINOIS, praticien hospitalier, biologie de la reproduction, préservation de la fertilité, cecos, Clamart
– Professeur Florence BOITRELLE, médecin biologiste de la reproduction, chef de service, responsable du centre d’AMP de Poissy Saint Germain
– Dr Laure CHAPUT, Praticien Hospitalo-Universitaires, médecin de la reproduction, Cecos, Clermont-Ferrand
– Dr Jonathan COHEN, Gynécologue Obstétricien, Hôpital Américain Paris
– Dr Muriel CLOUET, gynécologue médicale et médecin de la reproduction, Toulouse
– Dr Marjorie COMTET, Centre de fertilité GAIA, Bordeaux
– Professeur Charles COUTTON, Professeur des Universités – Praticien Hospitalier, Laboratoire de Génétique Chromosomique Grenoble
– Dr Carine COURTILLOT, praticien hospitalier, service d’endocrinologie et médecine de la reproduction, Paris
– Jacques DE MOUZON, président de la Société de Médecine de la Reproduction
– Professeur Jean-Michel DUPONT, responsable de la fédération de génétique et de médecine génomique, Paris
– Professeur Patricia FAUQUE, MD PhD, biologiste de la reproduction, chef de service du laboratoire de biologie de la reproduction, Dijon
– Dr Lucile FERREUX, praticien hospitalier, service d’histologie, embryologie, biologie de la reproduction, cecos, Paris
– Professeur Thomas FREOUR, biologiste de la reproduction, embryologiste clinicien, chef du service d’assistance médicale à la reproduction, Nantes
– Professeur René FRYDMAN, gynécologue-obstétricien, médecin de la reproduction, Suresne
– Dr Jean-Maxime GIRARD, Biologiste médical et de la reproduction, La Roche Sur Yon
– Dr Anne GUIVARCH, gynécologue médicale, médecin de la reproduction, Rennes
– Professeur Samir HAMAMAH, médecine et biologie de la reproduction, Président de la Fédération Française Etudes de la Reproduction, Montpellier
– Dr Florence HERVE, médecin de la reproduction, Paris
– Dr Laëtitia HESTERS, praticien hospitalier, service de biologie de la reproduction, cecos, Paris
– Dr Valentin KELLER, médecin Fiviste, Paris
– Dr Soizic LE PARCO, Gynécologue obstétricienne, médecin de la reproduction Paris
– Professeur Nathalie MASSIN, endocrinologue et médecin de la reproduction, Neuilly sur Seine
– Professeur Catherine PATRAT, biologiste de la reproduction, service de biologie de la reproduction , cecos, Paris
– Dr Sarah PEYRELEVADE, gynécologue obstétricien, médecin de la reproduction, Paris
– Professeur Marine POULAIN, embryologie et biologie de la reproduction, Paris
– Dr Géraldine PORCU-BUISSON, gynécologue, médecin de la reproduction, Marseille
– Professeur Nathalie RIVES, chef de service du laboratoire de biologie de la reproduction, Rouen
– Dr Arnaud REIGNIER, biologiste de la reproduction, DPI, CECOS, Nantes
– Professeur Geoffroy ROBIN, maître de Conférences des Universités – Praticien Hospitalier, Lille
– Professeur Catherine RONGIERES, médecin de la reproduction, responsable de l’unité clinique du service de médecine de la reproduction, Schiltigheim
– Dr Méryl SADOUN, Gynécologue obstétricienne, médecin de la reproduction, Paris
– Professeur Bruno SALLE, MD PhD, Chef de Service du centre AMP, Lyon
– Véronique SEHIER, rapporteur de “Droits sexuels et reproductifs en Europe, entre menace et progrès” de la délégation Droits des Femmes et Egalité du CESE
– Professeur Christophe SIFER, praticien hospitalier biologiste de la reproduction, responsable du centre d’AMP, BONDY
– Dr Meryl TOLEDANO, médecin de la reproduction à l’Institut Médical de la Fertilité, Paris
– Professeur François VIALARD, Professeur des Universités-Praticien Hospitalier, Poissy- Professeur Jean-Philippe WOLF, Service de biologie de la reproduction, Paris
Partager la publication "Sacrifier les femmes, préserver les croyances : pétition"
Pour la DPI en France
pour la dpi pour toutes d’office
Parce que c’est un gros ras le bol de passer des mois des années avec des échecs implantatoires. Je vote pour !
Pour être plus que concernée par le sujet, suivie avec le Dr Tal Anahory à Montpellier.
Nous pouvons avoir le choix d’avoir un enfant non porteur de maladies graves et génétiques. En France, il est autorisé de mettre un terme à une grossesse car un fœtus ( avec un cœur qui bat déjà…) a une malformation…
ou est l’éthique a ce niveau?
personnellement, je préfère sélectionner un embryon que de choisir d’arrêter un cœur qui bat. je pense que psychologiquement parlement, c’est loin d’être la même chose.
Ce n’est que mon avis.
merci pour cette pétition ! j’aurai tellement aimé avoir accès au dépistage pendant mon parcours… ça aurait probablement répondu à beaucoup de nos questions…
3 FIV ICSI, 3 TEC, 2 FIV IMSI, 3 FC précoce et sur la dernière tentative notre petit Trésor a tenu ❤.
parcours long et douloureux… aujourd’hui je suis incapable d’y retourner pour lui offrir un petit frère ou une petite soeur…